Origine et histoire de la Chapelle Saint-Quenin
La chapelle Saint-Quenin se trouve à Vaison-la-Romaine, dans le département de Vaucluse en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, à quelque 350 mètres au nord de la cathédrale Notre-Dame-de-Nazareth. Romanesque, elle date du XIIe siècle et porte le nom de Quenin, moine à l'abbaye de Lérins devenu évêque de Vaison au VIe siècle et patron de la ville ; Quenin fut reconnu comme saint par le pape Innocent III en 1205. Édifiée dans la seconde moitié du XIIe siècle sur un site occupé à l'époque romaine par une nécropole, la chapelle a fait l'objet de recherches archéologiques menées par l'abbé Joseph Sautel, qui ont mis fin aux hypothèses anciennes évoquant un temple dédié à Diane, une construction romaine christianisée ou un sanctuaire carolingien. La nef, plus tardive, a été reconstruite entre 1630 et 1636 grâce à l'appui de Monseigneur de Suarès, évêque de Vaison ; deux inscriptions et des blasons à l'intérieur rappellent sa participation financière. Classée dès 1840 parmi les premiers monuments historiques (liste des 1 034 monuments protégés), la chapelle avait été remarquée et décrite par Prosper Mérimée, ce qui a contribué à son inscription. L'originalité du monument tient à son chevet triangulaire et à une ornementation abondante inspirée de l'antique, témoignant du rayonnement de l'art romain à Vaison. Le chevet triangulaire et la travée de chœur présentent un décor antique : entablement à l'antique, colonnes et pilastres cannelés, chapiteaux à feuilles d'acanthe, frises de rinceaux et frises d'oves, tandis que la nef, reconstruite ultérieurement, est plus étroite et dépourvue de décoration. Sur chacune des faces du chevet, de grandes colonnes cannelées aux angles et un pilastre cannelé en son milieu sont surmontés de chapiteaux à feuilles d'acanthe qui supportent un entablement pourvu d'une frise sous la corniche. L'architrave se compose de trois bandeaux ornés de perles et de pirouettes et la frise se décompose en petits panneaux à motifs géométriques ; sur les pilastres, des tableaux figurés montrent des personnages en diverses postures — homme au faucon, homme tenant un bâton, autre appuyé sur une crosse, entre autres. La travée de chœur est rythmée, sur chacune de ses façades, par trois pilastres cannelés qui soutiennent frise et entablement ; la frise située sous la corniche, très abîmée, relève du roman et comporte, aux angles, des personnages de facture romane naïve. La nef, sans ornement extérieur, est cantonnée de puissants contreforts et la façade principale est surmontée d'un clocher-mur à une seule baie campanaire. Deux bas-reliefs, probablement des remplois paléochrétiens, ornent la façade : celui qui se trouve au-dessus de la porte représente un vase d'où sortent des pampres de vigne et des grappes de raisin, surmonté d'une croix latine gemmée ; ce motif est devenu le blason officiel de la ville de Vaison en 1630.